Toujours au camp de Deishe..
Pom pom pom ...
Je n'arrive plus vraiment a écrire.
Peut être parce qu'ici j'ai l'occasion de parler en français, peut être parce mon rythme de vie est plus tranquille, que moins de choses sont mouvantes.
Et pourtant..
Hier, arrivée de militaires et flics palestiniens (qui n'ont rien de diffèrent de leurs collègues d'autres pays) du coup obligés avec les copains de leur "céder la place" dans la guest housse. "Ils" vont rester le temps des fêtes, l'occasion pour nous, petits européens venus faire du tourisme militant, de se sentir a notre tour "occupés".
Ça a été extrêmement dur pour moi de déménager ma chambre,et je me suis rendu compte d'à quel point je me sens ici chez moi.
J'ai retrouvé d'un coup, en moi, ce sentiment de se faire expulser. Une fois encore de ne pas choisir et de devoir plier devant ceux qui ont le monopole de la violence légale, devant les "forces de l'ordre".
Mais passons..
Al Phoenix c'est confortable , c'est moderne, il y a les copains, c'est facile de s'y replier et je trouve que j'y passe beaucoup de temps.. Mais je sais que tout cela j'en ai besoin pour bien vivre les choses et tenir la longueur. Et puis il faut dire que pas mal de mon énergie passe a rencontrer d'autres volontaires ou internationaux de passage et j'en retire beaucoup.
J'ai juste du mal a accepter tous ces moments de rien qui jalonnent mes journées.
..mes éternels questionnements sur l'inertie, collective et mienne...
Le projet de faire une activité avec les enfants du camp autour du cheval se met doucement en place..
Je ne sais pas s'il verra le jour mais en attendant on en discute, on en rêve. J'ai commencé un peu a travailler avec la jument mais on est bien loin du compte, le travail a faire est énorme, il faudrait du temps et quelqu'un autrement plus compètent que moi!
Alors je me contente de petites victoires, comme la venue d'un (vrai) maréchal ferrant, enfin , ou quelques progrès en longe..
Bon, j'avoue être un peu pessimiste mais le projet est si beau que, en vrai, ça me donne envie d'y croire.
Les enfants du camps n'ont pas tant que ça d'espaces de loisirs et puis cette activité a du sens ici puisque traditionnellement il y avait une forte culture des chevaux en Palestine.. avant le vol des terres et l'occupation quoi.
En plus, ici ou ailleurs, pour moi la rencontre avec le cheval me paraît être un bien chouette vecteur pour se rencontrer soi-même, autrement, en affrontant ses peurs, en faisant confiance et en se découvrant capable..
...Maintenant, de l'idée a la pratique...
Dans les trous, je découvre la Palestine.
C'est fou, comment avais-je pu passer a coté l'an dernier? Il y a donc un pays sous son histoire !!!
Certaines choses me plaisent, d'autres pas.
Je vois, que comme ailleurs, il y a une multitudes de réalités . Plus ça va moins il m'est possible de me dire "les palestiniens ceci.." ou "en Palestine cela.."
Dans une maison,une famille attend la libération d'un fils retenu depuis 5 ans .
Dans une autre, quelques centaines de mètres plus loin, on boit de l'alcool, les filles fument devant les hommes et on danse dans des "party" énormes avec de célèbres DJ...
Différence de cultures et de classes qui continuent de me surprendre quand je croyais trouver "l'unité". Cliché.
Ici, beaucoup de choses découlent de ton positionnement politique et ça va, ça me parle !
Je comprends maintenant un peu mieux comment est perçue l'autorité Palestinienne par les gens :
Il y a ceux qui y travaillent, qui ont trouves une bonne place dans cette élite.
Ceux qui y voit l'espoir d'une reconnaissance par la communauté internationale, du coup d'une amélioration de la situation (?), peut être croient ils en des sanctions contre la colonisation, le mur...
Il y a ceux pour qui c'est l'ennemie, parce trop corrompu, trop collabo avec Israel.
Il y a ceux qui ont cru que ce serait leur outil, l'outil du peuple, et qui se sont rendu compte (aux dernières élections ) qu'ils n'avaient même pas le droit d'élire démocratiquement son président puisque c'est l'occupant qui a décidé finalement (Mahmoud Habbas).
De façon générale l'autorité Palestinienne divise les gens. Aujourd'hui ses militaires répriment les manifestations contre le mur pour le compte de l'armée israélienne, mais ils ne protègent personne lors de l'intrusion de cette dernière dans le camp, en pleine nuit, pour arrêter des militants, a peine majeurs.
"Maintenant, l'ennemi ce peut être ton voisin" m'a t-on expliqué..
C'est complexe et simple a la fois. Tout cela résulte de l'occupation. Cette oppression de long terme crée la division interne...
Classique ingénieux.