lundi 21 mai 2012

Desert

Encore une frontière... et mon voyage qui reprend
Cette fois-ci, impression de passer de l'eau à l'air
Mon environnement n'a pas changé d'un coup, mais mon quotidien radicalement.
Je suis partie de Dakar, de mon rythme calé, connu, pour sauter pieds joints dans la peau de l'auto-stoppeuse nomade. Finit mes petites habitudes, mon café touba le matin, les chants religieux qui résonnent la nuit, l'attrapage de bus et sa science de savoir lequel te mènera où, fini le sable dans le lit et les embrouilles de voisins... fin d'un chapitre, "legui, legui Dakar", il me faut migrer de nouveau.
Retrouver "la route"..
Reprendre mon sac à dos, ami le plus fidèle, et me rendre compte au passage qu'il est bien fatigué. Être seule à me débrouiller, faire connaissance avec milles inconnus à la minute, chercher des moyens de transport, décider de ce qui sera bon ou pas et ne pas savoir où je dormirais chaque soirs... nomadisme.

Partie de nuit , je n'ai pris conscience des kilomètres passés qu'au réveil, quand dans la lueur de l'aube on m'a demandé de toutes parts
-"Chauffeur ? Madame, tu vas où?" , "Taxi, taxi??" , "Nouakchott pour pas cher !"
Frontière de Rosso, passage vers la Mauritanie.
J'ai du bien me frotter les yeux pour comprendre ce qui se passait et ne pas répondre "Mais voyons laissez moi, je ne vais nul part !" 
-"Si si tu bouge Valou, t'as même un sacré bout de route devant toi, il paraît que tu veux traverser le Sahara en stop!"
-" Ah oui.... ça me revient... le stop... comment on fait déjà ?"
Là il m'a fallu faire taire le monsieur trouille, le colporteur de barrières
-"Une fille? toute seule? C'est dangereux, surtout avec les Marocains!
Et tu vas faire comment la nuit, hein? Dans le désert il peut tout se passer !"
Arrrg ! Je vous étranglerais petits démons intérieurs!

Appréhension, hésitation , et puis hop ! Finalement comme dans du beurre !
Youssef, chauffeur de poids lourd,  me propose de m'emmener jusqu'à la frontière du Maroc. Chic alors, traversée de la Mauritanie en express dans un camion presque 3 étoiles. Le choc est là: on est déjà bien loin des transports sénégalais !

On s'arrête en route à Nouakchott, capitale du grand "n'importe quoi" qui me surprend à chaque coin de rue. La Mauritanie est une terre de métissage et de contraste entre sa tradition Saharienne, l'influence de l'Afrique de l'Ouest, du Maghreb et de l'Europe, sa capitale, elle, en est la plus belle vitrine.


Cette ville est un champignon multicolore.
Posé là au bord de l'eau, entouré du désert, je trouve cet endroit vraiment .."bizarre"..
Je fus d'abord surprise que la couleur de peau dominante ne soit pas le noir et qu'il me soit impossible d'en trouver une. Marocain, Touareg, Chinois, Sénégalais, Libanais, Malien, Européens, expatriés ou de passage, on croirait une pub pour bénéton et là dedans bien difficile de dire qui est Mauritanien et qui ne l'est pas !
A l'image de sa population, sa géographie est surprenante où l'on passe des rues encombrées digne des quartiers populaires de Dakar, remplies de moutons, d'ânes, de voitures démontées et d'enfants -qui zonent plus ou moins-, aux immenses avenues rectilignes, plantées en leurs milieu de réverbères et bordées de sable  sans la moindre végétation ; puis d'un seul coup, au milieu des voitures, un oasis immense..
A un moment j'ai demandé où était le centre ville et tout le monde a éclaté de rire , "il n'y en a pas !" me dit on...

Une femme voilée, cigarette à la main et lunette de soleil sur le nez, s’énerve au volant d'une grosse mercedes sur un troupeau de moutons qui bloque la route . Un homme noir, dans une gandoura bleue, s’interrompt de verser le thé pour aller hurler sur un âne qui vole une mangue sur son étal..
Partout où je pose les yeux je trouve le tableau dépareillé.

...



Arrivée à la douane
Sourires, formalités côté Mauritanien.
No man's land
Re-sourires, re-formalités côté Marocain
Passée casi-pro dans l'art d'amadouer flics et douaniers, je me met à faire du stop directement dans le poste frontière. Au milieu de l’après midi j'ai commencé à comprendre que ça serait un peu plus compliqué...
Ce qui fut vraiment chouette c'était de vadrouiller dans cet endroit que je déteste (une frontière c'est par définition une barrière posée par les puissants sans tenir compte des peuples et histoires des lieux) en me le réappropriant totalement. On m'offrit le thé, m'aida à questionner les routiers, me demanda de raconter mon périple... J’envisageais d'adopter un chameau, on rigolait..
Quand vint le soir et l'évidence que je partirais pas, tous me proposèrent de l'aide pour la nuit. Finalement logée dans la station service comme une princesse, je partie le lendemain pour faire 900 kilomètres et arriver à Layoune, capitale "Marocaine" du Sahara. A mon réveil il pleuvait sur la ville, ce qui arrive une fois tout les 3 mois ...

Voilà le beau, le grand Sahara, passé....
Plein de vide.
Sublime.
Les pierres, le sable, la roche,
et l'océan immense.
Tous ces kilomètres de désert comme autant d'heures pour regarder en arrière et faire un bilan de ce qui se vécu jusque là.
Et dire que j'avais lu sur internet que le stop ne se fait pas dans cette partie du monde.. Je suis heureuse de m'en être fait ma propre éxpérience !

1 commentaire:

  1. je finis la lecture les larmes aux yeux, en me disant "elle est incroyable". ton beau père par dessus mon épaule dit "c'est sûr qu'un BEP compta c'était plus rassurant". Comment te dire ? tu es trop... y a pas de mots.

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