jeudi 12 janvier 2012

"bonne" annee..


Qu'est ce que l'on fête ? Le début de celle qui arrive ou la fin de l'année?

On ne sais plus vraiment...
Qu'est ce que cette nouvelle date va impliquer vraiment ? 
Sentir que le temps passe...
Quelle est la dose d'espoir de changement que l'on s'offre dans cette fête?
Ici l'espoir se deal comme une drogue...

Certains l'entretiennent comme un beau jardin, d'autres se le passe comme un héritage de famille, les politiques en assaisonnent leurs discours pour arriver a leurs fins , ceux qui l'on perdu se traînent entre résignation, douloureux compromis et collaboration
...

On se souhaite une belle année, on fête ce passage vers l'avant ... mais est ce que nos bonnes résolutions vont faire l'année qui vient moins pourrie d'inégalités?

Alors moi j'ai envie de fêter nos révolutions silencieuses.
Celles de tous les jours, intérieures. 
Celles que l'on gagnent contre nos propres peurs, les luttes menées pour moins s'ignorer, pour laisser de la place a l'autre, pour rêver a plusieurs
...

matin du 31 décembre...
          
                  ...un bruit m'interpelle dehors alors que je me lève. Je regarde par la fenêtre de ma chambre et vois 3 enfants qui jouent dans la rue qui descend du centre Al phoenix vers le camp. Arme d'un vieux freesbe pour l'un, d'une sorte de tuile en plastique géante pour un autre, ils se laissent glisser dans la pente raide...
                   ...Ils font de la luge...
     Je fais le lien avec la date du jour et m'extasie un instant de la magie de l'histoire : avec mon frère quand nous étions petits, chez mes grands parents, a cette même période de l'année, nous avions le même jeu..
                    Mais nous avions de vraies luges....
      Et passé l'exotisme, passé l'émerveillement que les enfants jouent quoi qu'il arrive, je me rend compte du mythe que je transporte : croire qu'ils se "satisfont" .
                    Des phrases comme "la-bas, une ficelle, un bout de bois et ils sont contents", résonnent dans mes oreilles.
      Enlève a des enfants européens les supers jeux manufacturés en plastiques colorés qu'ils viennent de recevoir pour Noël, tu ne leur enlèvera pas l'envie de jouer pour autant..
     Donne a ceux-la de meilleurs moyens ils joueront d'autant plus, ce sera plus facile, peut être plus épanouissant. 

Dheishe
De ce que j'en vois et en entends, grandir dans un camps de réfugiés c'est ne pas avoir de place pour être môme. Pas d'espace pour jouer, pas de parc ou traîner, pas de plage, de foret, de bocages pour se promener, observer, expérimenter... 
Alors tout cela se fait dans la rue , l' Espace Collectif.
Ça veut dire jamais vraiment seul. Ça veut dire toujours le même décors. La rue ce n'est pas l'espace des enfants, c'est celui de tout le monde, par défaut... Lieu d'interaction sociale ou chacun s'aménage une place...
Alors oui bien sur "ils jouent tout de même", mais l'occupation les privent d'espace pour grandir,  de la possibilité de "s'évader" du quotidien.

Est ce que ne pas se laisser mourir d'ennui, est ce que faire quand même "avec" (parce que c'est la dedans qu'on grandi), c'est se satisfaire ?..
       Je ne crois pas. Personne ici ne me parait "satisfait" de vivre dans ce camp, d'être réfugiés, de n'avoir que ces conditions a offrir a ses enfants..

                     Je rêvais donc d'un canon a neige et d'une baguette magique quelques instants
...
 
       Le soir, nous sommes invites a fêter le nouvel ans avec un petit groupe d'amis palestiniens, moi je suis la seule fille.... La" fête" est dans une très belle maison en dehors du camp, c'est  immense, en cours de construction,  prêtée pour la nuit.
       Je suis très curieuse de découvrir a quoi ressemble ce genre de soirée, j'observe. Tout est prévu pour ne pas manquer, je sais que c'est pour l'occasion exceptionnelle : quantité de viande pour le barbecue, houmous, boissons, alcool en tous genres, narguilé..
        Dans cette immense maison vide et froide, un lieu ou être "libre" de boire, de faire la fête.. Je comprend que ce qui importe est d'être la, ensemble.


                     Arrive minuit et l'on se souhaite tout le bonheur possible... Dehors résonnent les premiers feux d'artifices. Les voisins en tirent eux aussi depuis leur terrasse..en tenant les bases directement dans leurs mains !! Les fous... Il n'y a bien qu'en Palestine que je verrais ça !         
       
      Tard dans la nuit un ami prend son oud (instrument a corde traditionnel du moyen orient) et nous offre sa musique.. Les autres ont chantés pour l'accompagner puis tout le monde s'est tue, l'écoutant jouer, se laissant transporter jusqu'au petit matin...
       Heures de paix et de bonheur...
                                                     ...pour entrer dans l'année 2012, dite du chaos...





1 commentaire:

  1. C'est bin beau ce que tu dis. que l'an 2012 te soit doux à l'âme et au coeur, et que les chemins viennent à tes pas. Bisous.

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